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Des diamants synthétiques jaune-brun trouvés dans des lots de diamants « mêlés »
Des diamants synthétiques jaune-brun trouvés dans des lots de diamants « mêlés »
Aurélien DELAUNAY
Le Laboratoire Français de Gemmologie (LFG) vient d’analyser plusieurs milliers de diamants jaune-brun appelés commercialement diamants « cognac » (Figure 1). Ces diamants mesurent entre 1 et 2.5 mm de diamètre. Leurs couleurs varient du jaune nuancé de brun, au jaune nuancé de gris ou d’orange.
Figure 4 : spectre infrarouge du diamant J18 précédemment observé sous UV, typique d’un diamant synthétique HPHT de type Ib pur. Les atomes d’azote isolés, ou centre C, sont caractérisés par des absorptions à 1045, 1130, 1344 et 2688 cm-1. Les diamants potentiellement synthétiques isolés grâce à leur luminescence et/ou leur spectre infrarouge sont ensuite observés au microscope. Des inclusions caractéristiques comme des nuages de points épars (pinpoints), des inclusions en « mie de pain » peuvent être caractéristiques des diamants synthétiques HPHT (Figure 5a et 5b).
Chaque diamant potentiellement synthétique est ensuite observé au DiamondView™, appareil d’imagerie de luminescence possédant une source UV de forte énergie (environ 220 nm). Le DiamondView™ permet l’observation de la morphologie de croissance des diamants. Un diamant produit en laboratoire aura une morphologie interne typique avec des secteurs de croissance octaédriques et cubiques formant une croix sous certaines orientations (Figure 6a, 6b et 6c). Les diamants naturels auront quant à eux des structures différentes (Figure 6d). Pour cette couleur, on s’attend plutôt à des traces de déformation (« graining ») formant les fines raies parallèles vues dans la figure 6d.
Figure 6 : images de luminescence DiamondView™ de 3 diamants synthétiques ayant des structures plus ou moins caractéristiques (a, b et c) et d’un diamant naturel (d)
Des spectres de photoluminescence à basse température (température de l’azote liquide : -196°C) sont ensuite réalisés pour mettre en évidence le caractère synthétique de tous les diamants « suspects ». Le LFG utilise pour l’acquisition de spectre de photoluminescence un spectromètre Raman Renishaw Invia équipé de 3 lasers différents (325, 514 et 633 nm) afin d’exciter et mettre en évidence la quasi-totalité des défauts présents, même en très faible quantité. Tous les diamants synthétiques observés dans ces lots présentent des émissions à 728 nm caractéristiques de la présence de nickel utilisé dans la fabrication de diamants synthétiques (Figure 7).
Figure 7 : spectre de photoluminescence d’un diamant synthétique excité à 514 nm indiquant la présence de centres N-V– à 637 nm et de nickel à 728 nm.
Cette analyse de lots de plusieurs milliers de diamants jaune-brun dits « cognac » permet de mettre en évidence la présence de diamants synthétiques dans les lots de mêlés sur le marché. De nombreuses alertes ont été rédigées sur la présence de diamants synthétiques dans les lots de diamants mêlés jaunes, mais il s’agit des premiers diamants synthétiques dans des lots de diamants jaune-brun, commercialement appelés « cognac ».