NOS ACTUS – CONFERENCES
21ème conférence du LFG
Le mercredi 23 octobre 2019, la 21ème conférence organisée par le Laboratoire Français de Gemmologie (LFG) a remporté un large succès. La salle était comble pour la venue de Marie Schoor, Master géologie, DU Gemmologie.
La conférence a débuté avec une première partie animée par Aurélien Delaunay, directeur du LFG suivi d’Ugo Hennebois gemmologue au LFG. Ils ont tous deux présenté les « Gem’Actus » du laboratoire riche en nouveautés.
Après le salon GemGenève en début d’année, le LFG était présent lors du Hong Kong Gem Show de septembre dernier, poursuivant le travail de communication à l’international et notamment à l’important marché asiatique.
Côté instrument, le laboratoire s’est doté tout récemment d’un LIBS (Laser Induced Breakdown Spectrometer ou spectrométrie sur plasma induit par laser). Il s’agit d’une technique d’ablation laser sur une surface micronique, permettant l’analyse chimique des pierres ainsi que la détection des éléments traces.
Le LIBS est un support supplémentaire pour la détection du béryllium dans les corindons traités ainsi que pour la détermination des origines géographiques.
Toujours dans l’actualité du LFG, il nous a été présenté un diamant rose orangé de type IIa, dont la détermination de l’origine de la couleur fut complexe car multiple, ainsi qu’un diamant synthétique CVD de type IIb qui est assez rare. Puis une émeraude colombienne sertie sur une bague époque art déco avait pour particularité une culasse sculptée en forme de tête animale visible au travers de la table. Tête d’ours ou de lion ? les gemmologues n’ont toujours pas pu résoudre le mystère. Une émeraude zimbabwéenne nous a aussi été présentée car il s’agit d’une origine peu vue et analysée au laboratoire pour laquelle il y a un manque de données scientifiques actuellement.
Enfin une broche fin 19ème siècle (époque Napoléon III), expertisé au laboratoire, représentant un scarabée et sertie de diamants taille ancienne, rubis, saphirs et surtout une très belle perle fine à double cœur faisant office du corps de l’insecte était décrite lors de la soirée.
La partie concernant les pierres de synthèses et imitations, résumait les récentes analyses de saphirs synthétiques Verneuil, un doublet grenat-verre, de la céramique vendue en tant que « lonsdaléite » et autres moissanites synthétiques reçus au laboratoire.
Enfin Aurélien Delaunay a terminé la partie « Gem’Actus » en remerciant Dominique Dufermont pour sa donation d’opales brutes du Brésil, l’association Russe de Gemmologie pour sa donation d’un cluster d’azurites brutes de l’Oural, puis la Maison Christian Dior Joaillerie pour l’importante donation en pierres de couleurs faite à l’école du LFG. Il a aussi présenté les nouveaux arrivants au sein de l’équipe du laboratoire dont Agnès Mainguy, pour la formation.
Après cette riche entrée en matière, Marie Schoor prenait le relais pour partager avec l’audience une fascinante étude sur les diamants astériés, sujet de son mémoire présenté dans le cadre du DUG.
Marie introduit le contexte en décrivant la croissance mixte et simultanée octaédrique et + cuboïde des diamants astériés. Les premiers travaux les diamants astériés remontent au 19ème siècle par René-Just Haüy et un peu plus tard par Alfred Louis Olivier Le Grand Des Cloizeaux. Puis Marie nous met l’eau à la bouche avec des photos de spécimens de diamants astériés exceptionnelles tel que le « Rhodesian Star » et d’autres pièces de musées unique.
Dans la seconde partie, les résultats de son étude seront ensuite illustrés par de nombreuses photomicrographies de nuages d’inclusions discoïdes présentes dans les diamants astériés, d’impressionnantes photos, réalisées au DiamondView, montrant la répartition de la fluorescence entre secteurs cuboïdes et octaédriques, puis des images de cathodoluminescence par MEB (Microscope Electronique à Balayage) révélant les variations des conditions de croissance. Les résultats de spectroscopie infrarouge dans les secteurs cuboides se distinguent par des absorptions liées à l’hydrogène en opposition avec le secteur octaédrique. La spectrométrie Raman est utilisée pour cartographier et représenter la variation entre les différents secteurs de la largeur à mi-hauteur du pic Raman du diamant à 1332 cm-1. La spectrométrie de photoluminescence (PL) montre des spectres PL diffèrents avec notamment un pic à 794nm associé au nickel pour le secteur cuboïde. De son côté la fluorescence aux rayons X (ED-XRF) était très similaire entre les 2 secteurs qui contiennent tout deux du fer (Fe) et du nickel (Ni).
Pour la dernière partie et conclusion de son étude, Marie ouvre la discussion sur les résultats de la fluorescence entre secteurs cuboïdes et octaédriques. Elle expose aussi les confusions possibles entre les termes diamant astérié, phénomène d’astérisme et pierre trapiche. Finalement Marie nous offre des réponses quant à la nature des inclusions discoïdes comme étant des disques d’éclatement non graphités ainsi que sur la nature des canaux dit « canaux de rose » observé également dans certain diamant astérié, et résultant de déformation plastique intense par macle mécanique.
Pour le plus grand plaisir des invités de la 21ème conférence du LFG, Marie Schoor nous a gratifiés d’une présentation très instructive, riche en informations historiques, scientifiques et techniques sur les diamants astériés peu ou pas assez connus.
La conférence s’est ensuite terminée par un traditionnel cocktail convivial.